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Le Pic de Teide
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13 Janvier 2016 - Christophe F. (Rédacteur)
Le Pic de Teide
Franck Rosier, un des coachs du Club, plutôt sur le Secteur Athlé Santé était aux Canaries pour la fin d'année... et en guise de coupe de champagne pour le 31/12, s'est fait un sommet à plus de 3700 mètres.
Franck: "

Mon ascension du Pic de Teide à 3718m

L'île de Tenerife fait partie des 7 îles composant les îles Canaries. Sa situation géographique lui permet de bénéficier d'une météo toujours clémente grâce à sa proximité avec le Sahara Occidental.
Cette année, nous choisissons cette île pour notre semaine de vacances entre le 27/12 et le 3/01.
Par nos premières recherches, nous constatons que cette île regorge de trésors et particulièrement un qui attire toute mon attention : Il mesure 3718m, c est un volcan et représente à lui tout seul, le plus haut sommet de l’Espagne et le 3ème volcan le plus haut du monde depuis sa base. Il présente la particularité d'être encore actif et sa dernière irruption date de 1909... C'est le Pic de Teide...qui signifie "enfer" dans la langue des Guanches, habitants des Canaries.

Un défi s'annonce :
Lors de quelques moments de détente (en vacances...) je potasse déjà les brochures concernant le géant espagnole. Il me reste à savoir par quel chemin je pourrai gravir ses pentes escarpées, de prendre connaissance de la stricte réglementation d'accès à son sommet, de la météo et quel sera le jour idéal...
Mon choix s'oriente assez rapidement sur le sentier N °7 du Parc National, celui de la Montana Blanca, l accès le plus direct jusqu'au sommet mais aussi le plus difficile comme le décrit cette brochure.
Mes différentes étapes seront le refuge de Altavista, ensuite Fortaleza, le balcon offrant un premier point de vue. A cet endroit, la pente est moins affirmée jusqu’à la Rambleta à 3555m étant l arrivée du téléphérique et 168m plus haut, l'arrivée au sommet du Pic.
Depuis son classement au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'accès à son sommet est strictement réglementé, Seules 200 personnes par jour sont autorisées à le fouler, tout cela organisé sur 4 créneaux horaires de 50 personnes…La règle est posée.
Cette autorisation est à demander à un des bureaux des offices de tourismes de Puerto de la Cruz ou Santa Cruz. C’est en fait, le point que j’avais le plus anticipé avant le départ mais le mail de réponse fût pour le moins expéditif :  «  Nous n’avons plus de billet pour l’accès au sommet pour tout le mois de décembre »

Il ne me reste plus qu’à trouver une autre solution…je mets en route la boîte à phosphore et continue mes recherches…

Eureka !!! J’ai trouvé la formule !! Et découvre que si je passe avant 9h au Contrôle de Police à la Rambleta (3555m), le portillon est ouvert et l’accès est libre.

Le jour J sera le Jeudi 31/12 :

Il est 4h15 et le réveil m’annonce le départ pour l’expédition. Je suis comme un gamin qui part en vacances. Une excitation m’envahie lorsque mes deux pieds touchent le sol. J’allume une petite loupiote pour ne pas réveiller Florence et me dirige vers mes affaires que j’ai alignées soigneusement la veille sur le canapé de notre suite. Mes appareils GPS et caméra haute définition sont chargés à bloc. En même temps que je m’habille, je mange les petits muffins que je me suis mis de côté au buffet du restaurant…A cette heure-ci, la vie est paisible. Le silence est assourdissant et la douceur de la Quinta au bord de l’océan frise les 15°C sans vent.

Il est 4h35, j’enfile mes jambes dégourdis sous le volant de la vieille Cordoba de location et en avant pour 1h de trajet sur la TF21 en direction de la base de Teide. La route est sinueuse et n’arrête jamais de monter. Je me laisse guider par le faisceau des phares et je vois peu à peu le paysage se transformer de la ville, aux forêts primaires de l’entrée du parc National jusqu’au monde merveilleux des pierres volcaniques. La nuit noire ne m’offre que peu de paysage sinon celui des gros blocs qui nous donnent l’impression quelquefois de traverser la route.

J’arrive au KM 40,7, lieu de départ du sentier N°7 de la Montana Blanca. A ma descente du véhicule, je suis surpris encore par la douceur du climat qui m’offre encore un 10° sans vent. Nous sommes tout de même à 2200m d’altitude.

Si le silence en bas était assourdissant, ici il est impressionnant. La nuit est strictement noire et j’hume cette douceur en me focalisant sur mes derniers préparatifs…Frontale, vêtements chauds pour le sommet, quelques figues sèches et pâtes de fruit, mes 500ml d’eau, ma technologie embarquée, GPS, caméra et me dirige à l’entrée du chemin. Je profite encore de ce moment calme pour tourner la tête à droite et à gauche mais le paysage est toujours aussi obscure…rien à l’horizon sinon une belle voie lactée sur ma tête.

Il est 5h45, je mets en route mes deux jambes en même temps que le GPS. Me voici partis pour 10,4km de montée jusqu’au sommet (je l’espère) et en espérant passer avant 9h pour l’accès à celui-ci. Il me semble quand même avoir de la marge mais je préfère me dire que cela sera difficile, d’abord par le terrain très technique et par ma faible condition physique….Mais bon !!! Je suis heureux de courir sur les pentes de ce beau volcan. Je suis confiant et me voilà sur cette première belle piste large qui présente une pente très légère (3 à 4%)

Sur ces 3 premiers km, je n’entends que mon souffle et ne vois que le faisceau de ma frontale me donnant mon itinéraire et un point de vue de 5m environ. Je démarre à moins de 10km/h afin de préparer au mieux mon organisme à la montée en altitude. Je suis bien, les sensations sont bonnes. Je double un couple de randonneurs emmitouflé et les têtes basses. Nous échangeons un Bonjour et je continue ma montée.

C’est au 5ème km que je vois la pente s’accentuer d’un coup et il me reste 2,5km avant d’arriver au refuge d’altavista. Me voici en contact avec les pierres volcaniques de différentes tailles et commence alors un incessant festival de virages. Je m’accroche à certaines pour garder mon bon rythme de marche. Elles sont de véritables pierres ponces et présentent l’avantage d’une bonne adhésion.

Je viens de passer les 3000m d’altitude et la nuit m’accompagne encore. Elle devient longue et ennuyeuse. Il me tarde de voir le ciel s’éclaircir…d’autant que le sentier devient vraiment aléatoire tout comme le balisage.

Dans une telle expédition, on ne peut pas faire sans un grand moment de solitude, et bien le voici :

La montée n’est que cailloux enchevêtrés, et mon regard lutte de plus en plus pour trouver le bon itinéraire…j’accentue de ce fait la lecture du terrain par quelques arrêts intempestifs pour retrouver un semblant de sentier….jusqu’au moment ou je perds totalement le chemin…je monte, je redescends, passe sur le côté, je joue à l’équilibriste sur un volcan en pleine nuit…  c’est pas sérieux ça…Comme dit un copain et il se reconnaîtra « il faut arrêter ces conneries ».

C’est précisément ce moment qui est d’une solitude pesante !! Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer…je regarde mon GPS, et selon mon calcul, je dois être à moins de 300m du refuge…mon regard se fixe vers le haut et tente d’apercevoir un semblant de vie ou d’habitation…donc me voici à grimper sur des pierres bancales mais adhésives (quel avantage !)

Et ouf !, en quelques secondes, je visualise dans la nuit un mat surmonté d’un drapeau tout juste agité par le faible vent…un soulagement m’envahi et d’un pas décidé je mets les pieds sur la belle dalle stable du refuge de Altavista. Je m’accorde 5’ de pause et rentre dans l’humble demeure. Je tombe nez à nez avec son gardien, peu souriant au premier abord mais je fais avec… par quelques paroles exprimées laborieusement de part et d’autre, il m’autorise à m’asseoir sur une banquette au chaud…le temps pour moi d’avaler quelques figues et un peu d’eau…dans ce temps, il me dit quand même que le reste du chemin est encore plus difficile. Il me conseille alors de prendre le téléphérique pour redescendre et je lui réponds, non non !!! Je redescends en courant, comme je suis monté !!

Il est à peine 7h, il est temps de repartir et je suis tout de même surpris de ma fraîcheur physique. Je retrouve cette fois-ci le sentier N°7 et ne le lâcherais pas pour un sou.

Jusqu’à la Fortaleza, le chemin est sensiblement identique mais le sentier reste visible. Passé ce balcon, je retrouve enfin un semblant de plat et me remets à courir jusqu’à la Rambleta, l’arrivée du téléphérique, et le fameux point de contrôle des autorités (à partir de 9h). Je suis surtout heureux de voir se lever le soleil dans mon dos. Je commence à sentir sa chaleur, il monte progressivement et j’ai vraiment l’impression de caler mon pas à son rythme. A chaque virage, je jette un regard sur le côté pour savourer ce moment de vie…de vraie vie…

Il est 7h45, je passe aisément et avec beaucoup d’avance le portillon de la Rambleta à 3555m d’altitude et mon chrono indique 1h53. La lumière de cette dernière partie est vraiment unique, d’un rayon orange assez profond se reflétant  sur le volcan. Ces derniers mètres me rappellent ceux du Kilimandjaro en 2009…une sensation de légèreté, d’être en phase avec cette montagne active…

J’aperçois les premières fumeroles et l’odeur du souffre est très présente… je suis déjà sur une autre planète…Je domine enfin le cratère fumant…les spécialistes le considèrent actif…et bien il l’est !! Il est 8h du matin et je suis au sommet. Ma montre indique 2h08 de montée… ma respiration n’est même pas perturbé par les 3718m d’altitude….quelle émotion !! Que la Terre est belle !! Que notre Terre est belle !!!

Nous sommes un vingtaine de personnes au sommet et je suis le seul en short mais j’ai quand même fait la dernière partie de l’ascension avec mon super coupe vent ultra léger…Un super textile pour ce genre d’expédition.

 La température doit avoisiner les 3°C mais j’ai l’impression que le cratère offre une certaine chaleur…Avant d’allumer ma caméra pour immortaliser ce dernier moment…de l’année… Je savoure cet instant presque unique d’une vie, je remplie mes poumons du peu d’oxygène que m’offre ce haut lieu et j’observe ce qui m’entoure. Ce qui est étrange, c’est que nous sommes une bonne vingtaine sur ce sommet mais il règne comme une ambiance de sérénité, chacun savoure en silence son expédition, sa performance ou son objectif comme une victoire personnel… Aucun ne se parle…mais cela ne manque à personne.

Il est temps de redescendre

J’ai tenté de profiter un maximum de ces 10’ passées au sommet mais il est temps d’amorcer la descente.

Pour moi l’aventure et le combat commencent maintenant. Comme la plupart des gens qui me liront, ils sauront que je ne suis pas un grand descendeur !! Ça c’est dit !! Mais comme me l’avais conseillé le gardien du refuge, je ne prendrais pas le téléphérique pour redescendre…

Je profite de trottiner (comme à l’aller) sur le plat de la Rambleta jusqu’à La Fortaleza. Je me concentre ensuite sur ce dédale de pierres et suis religieusement ce single qui tourne tous les 5 à 10 mètres…J’en ai le tournis. J’ai l’impression que mes pieds pèsent une tonne pourtant je ne suis lesté que de ma chevillière gauche.

J’augmente ma concentration car certaines pierres aiguisées comme des lames ont tendances à rentrer sur cet étroit single. Comme si la montagne voulait me laisser un souvenir, m’accrocher dans cette descente vertigineuse. Je continue laborieusement sans pouvoir beaucoup lever les pieds…Ce qui devient gênant car certaines pierres acérées me déséquilibrent quelque peu. Dans ces moments de difficultés je peux vraiment sentir mes points faibles et de ce fait, un autre vient se manifester, c’est mon manque de ceinture abdominale…Ouille !!! Les cocktails ne sont pas loin !!

Je corrige sans cesse la trajectoire, mes chevilles me font souffrir aussi et ma chevillière gauche joue un rôle très important…En résumé, cette descente est rendue difficile par mon manque de préparation mais je le savais du départ…et je ne prendrais pas de risque…je mise sur la modération et la concentration.

Je passe un groupe d’Espagnoles presque sans un regard ou seulement un bonjour…Petit Bonjour…mon regard reste sur la piste accidentée.

Me voici à quelques virages au dessus du refuge de Altavista, et j’aperçois en contre bas (il me semble) le premier couple que j’ai doublé ce matin…je suis presque content et BOOOM !!! Je la côtoyais (la chute) depuis plusieurs virages mais je m’étale de tout mon long sur cet étroit single. Je me relève aussitôt en me disant : « plus de peur que de mal » mais je rejoints le couple de français plus bas et les douleurs s’activent de plus belles. J’opère une pause au refuge et je fais un rapide constat : un genou en sang d’une plaie superficielle que je passe immédiatement sous l’eau et un coude moins ensanglanté mais davantage douloureux…Il me semble avoir tapé sur une pierre…Une grande phrase disait :  « j’ai beau être matinale, j’ai mal ».

Dans ce temps de soin, je trouve le moyen de discuter quand même avec ce jeune couple qui montait laborieusement jusqu’au sommet. Lui est traileur et forcément nous avions des histoires de traileurs à nous raconter…

Après ce point complet (soins, alimentation, hydratation), il est temps de reprendre ma pérégrination vers le bas. Mes petites douleurs m’accompagnent sur ce nouveau départ mais cette fois-ci je me dis : «  lève les pieds Franck !! ».

J’arrive dans de bonnes conditions au point qui sépare la pente accrue du volcan et ses pierres noires rugueuses avec la montagne plus lisse  et jaune clair de la Montana Blanca… Paysage agrémenté de quelques plantes grasses vertes. Ainsi les couleurs jaillissent….C’est un très beau spectacle que je n’ai pas pu voir tout à l’heure de nuit.

Je retrouve cette dernière partie de 4km, d’une douce descente, assez désertique, parsemée de gros blocs de rochers volcaniques tout ronds…Posés ça et là, suite à la dernière irruption en 1909.

Il est bon de terminer sur cette piste facile et sous ce soleil généreux, j’aperçois le parking et ma montre m’indique 1h26 depuis le sommet. Il est 9h42, il est temps de rejoindre Florence à l’hôtel.

Quelle tranche de plaisir encore avec ce sommet à 3718m !!

J’ai une pensée pour le célèbre  alpiniste George Mallory qui lors d’une conférence de presse à New-York avait répondu à la question d’un journaliste : « Pourquoi escalader le Mont Everest ? » et il répondit tout simplement « parce qu’il est là ».

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